Ces Nobel qui vomissent le bitcoin

Extrait de «Les cryptomonnaies ne menacent pas le monde financier»

Il règne un dénigrement ambiant envers le bitcoin chez les penseurs de l’économie. Les grosses têtes financières se bousculent pour cracher sur cet argent alternatif. Et c’est à celui qui décochera l’humeur la moins reluisante. Prix Nobel inclus.

Jean Tirole (Nobel 2014) avait partagé tout son scepticisme dans une colonne du FT pour insister sur le manque total de valeur du bitcoin, sociale et financière. Un rêve de libertarien donnant la migraine aux pouvoirs publics, concluait-il.

Le même jour face aux caméras de Bloomberg, Joseph Stiglitz (Nobel 2001) avait lui plaidé l’interdiction du bitcoin, qui ne sert qu’à contourner les autorités et tire son prix délirant d’espoirs infondés. Tout en prenant soin de défendre l’outil transactionnel pouvant nous permettre d’avancer dans une économie numérique sans papier.

Petite parenthèse nord-américaine, lors de son dernier discours de l’année, même le gouverneur de la Banque du Canada a confié que les devises numériques l’empêchaient de dormir la nuit. «Acheter ces instruments, c’est acquérir des risques, ce qui revient à dire qu’investir dans ces instruments s’apparente davantage à un jeu d’argent», a tranché Stephen Poloz.

Une rhétorique d’opposition nettement moins théâtrale que «Bitcoin est le Diable», l’édito signé dans le New York Times il y a quatre ans par Paul Krugman (autre Prix Nobel, de 2008), à une époque où l’ancêtre des cryptomonnaies s’échangeait contre 720 $US (eh oui, 24 fois moins que le cours actuel!). 

Extrait de «Les cryptomonnaies ne menacent pas le monde financier»

Ajoutons à la liste de ce club des sceptiques Robert J. Shiller, lauréat du prix Nobel d’économie de 2013, professeur  à Yale et co-créateur de l’indice Case-Shiller des prix de l’immobilier résidentiel aux États-Unis.

Dans une tribune signée pour Project Syndicate ce 21 mai 2018, que nous traduirons librement en «vieilles recettes d’une nouvelle monnaie», il estime que pratiquement personne ne peut expliquer comment fonctionnent les cryptomonnaies en dehors des départements d’informatique.

«Ce mystère crée une aura d’exclusivité, rend glamour l’argent et remplit les dévots d’un zèle révolutionnaire. Rien de tout cela n’est nouveau et, comme avec les innovations monétaires passées, une histoire apparemment convaincante peut ne pas suffire», sanctionne Robert J. Shiller avant de se lancer dans un argumentaire-inventaire.

Laisser un commentaire